07 mai 2022

Le règne de Poutine




REFLEXIONS SUR LE POUTINISME

Pendant plusieurs années, je n’ai pas beaucoup écrit sur la Russie, parce qu’il me semblait qu’il n’y avait rien à comprendre ou plutôt qu’il n’y avait qu’une chose à comprendre : il n’y a pas d’ancien kagébiste ! Je l’avais appris de Soljénitsyne. (Et si ce dernier a fait preuve de quelque complaisance à l’égard de Poutine, ce n’est pas qu’il ait oublié cette leçon, mais que, dans les circonstances, il craignait par-dessus tout une révolution).
Ce qui m’a en quelque sorte réveillé, c’est le retour de Navalny en Russie pour se faire arrêter.
Je me suis dit que cela signifiait quelque chose : le retour grandiose de l’éthique dans la vie politique russe. Puis je me suis dit que, si je pensais avoir compris, encore fallait-il expliquer.
Je pense donc depuis quelque temps à apporter à mon tour ma contribution à la compréhension du poutinisme. Cependant, pour produire ne serait-ce qu’un petit livre achevé, il me faudrait du temps. Or le temps presse. D’ici là, nous aurons peut-être été vitrifiés et réduits en cendres atomiques. 
C’est pourquoi je vais vous livrer ici mes hypothèses, qu’un chercheur se réserve de publier avant de leur avoir données une forme définitive.

Au stade actuel, je dirais que, pour moi, le poutinisme consiste en 3 objectifs, un ressort psychologique, une morale.
Les objectifs sont stratégique, historiographique et idéologique.
L’objectif stratégique consiste à assurer à la Russie un bloc de sécurité étendu à l’ancien empire russe ou, mieux, à l’ex-URSS avec ses satellites.
L’objectif historiographique consiste à imposer au monde un nouveau narratif commun, centré sur le rôle de la Russie dans l’histoire contemporaine en tant qu’elle a vaincu l’Allemagne nazie. Cela est déjà acquis en Russie et implique l’effacement de la mémoire du stalinisme. D’où l’interdiction de Memorial. Au niveau européen, cela implique de rétrograder la mémoire de la shoah.
L’objectif idéologique est de combattre, voire d’abattre la démocratie libérale, ce qui pourrait se traduire par exemple par la finlandisation de toute l’Europe (voir l’article de Sofi Oksanen, que j’ai déjà partagé).
Il faut prendre en compte que, pour atteindre ces objectifs, le poutinisme peut mobiliser des narratifs secondaires. Comme le faisait l’URSS. Quand l’idéologie communiste perdait de son attrait, elle utilisait en sous-main le nationalisme russe (c’était le sujet de ma thèse à Science Po : « Le pouvoir soviétique et l’identité russe »). C’était d’ailleurs une erreur assez répandue de négliger la nature idéocratique du régime soviétique et de voir, à travers l’URSS, la « Russie éternelle ». C’était l’erreur de de Gaulle, combattue par plusieurs excellents diplomates, particulièrement Jean Laloy. A l’occasion, Poutine a utilisé le narratif eurasien. J’ai aussi étudié la question. Qui peut croire aux délires graphomaniaques de Douguine ? Le narratif eurasien renvoie en fait à une série d’humiliations pour la Russie. Aux deux siècles pendant lesquelles les princes de Moscou entreprenaient un long voyage pour obtenir l’investiture du chef mongol sous la forme d’un document écrit (« yarlyk » et en lui baisant la pantoufle. Il renvoie à la défaite de l’Empire russe devant le Japon en 1904, l’une des causes de la première révolution russe et aux incidents entre l’URSS et la Chine de Mao qui n’acceptait pas la destalinisation. On a interprété unilatéralement la posture de Poutine à l’inauguration des Jeux Olympiques à Pékin. On sait que Poutine a une peur panique de la covid. C’est pourquoi il parle à ses interlocuteurs à travers une table de 6 mètres de long ou plus, qu’il s’agisse d’hôtes étrangers ou de ses collaborateurs : pas tant pour les humilier que par peur de la maladie. Dans le stade olympique, il était entouré de sièges vides, mais, pour rencontrer le président chinois, surmontant sa hantise de la covid, il n’a observé aucune distanciation spatiale. J’y vois une forme d’allégeance.
C’est pourquoi je n’utiliserais pas les expressions « l’ours russe », le « tsar Poutine », qui contiennent en elle-même une image a priori réductrice du poutinisme.
Maintenant, le ressort psychologique : un ressentiment, une forme de volonté de revanche sociale.
Quant à la morale, je l’ai déjà expliquée, celle des « poniatiïa », des « vory v zakone », impliquant d’établir un rapport de force avec son adversaire, de l’humilier et de tester jusqu’où on peut aller trop loin avec lui. J’en ai encore parlé hier avec un vieil ami dissident vivant à Paris, auquel le courage a valu de côtoyer les malfrats au Goulag.
Si j’ai tenu à ébaucher ces hypothèses sans attendre, c’est qu’à mon avis, on peut tout attendre de Poutine et qu’il est impossible de savoir quelles limites il s’est fixées. Et c’est à son adversaire de lui signifier : maintenant stop, tu n’iras pas plus loin.




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Vu l’importance de ce texte, je me risque à le publier in extenso. Je remercie mon excellente collègue Virginie Symaniec de l’avoir partagé. Elle en a fait le commentaire suivant :
« Magnifique texte. C'est donc comme cela que cela s'appelle ! Où on comprend que l'Académie française, l'éducation nationale, la recherche françaises et combien de fonctionnaires du Quai d'Orsay sont donc "finlandisés" depuis belle lurette ! »
Je souligne à mon tour que sa lecture est INDISPENSABLE. Il est d’ailleurs confirmé par un curieux document de source russe qui a fuité et sur lequel je reviendrai.
FINLANDISATION DE L’EUROPE, tel pourrait bien être un objectif de Poutine.
Je relève au passage que la France, étant donné le poids du Parti Communiste dans la vie politique française, a connu une forme de finlandisation partielle. Chez nous aussi, c’est la publication de « L’archipel du Goulag » qui l’a mise à mal. 

« Pour la Russie, l’idéal serait de finlandiser toute l’Europe, et pas seulement l’Ukraine » 
Tribune de l’écrivaine finlandaise Sofi Oksanen
Dans « Le Monde » du 5 mars 2022
L’écrivaine finlandaise Sofi Oksanen, devenue l’une des voix les plus influentes et engagées de la scène intellectuelle nordique, raconte, dans une tribune au « Monde », comment le concept de « finlandisation », cette soumission sans occupation à la volonté du puissant voisin russe, a « brouillé la boussole morale » de son pays.
Tribune. Dans les années 1970, quand la télévision de Suède diffusa Une journée d’Ivan Denissovitch, d’après le roman d’Alexandre Soljenitsyne (1962), la Finlande coupa les émetteurs de l’archipel d’Aland pour que les citoyens ne puissent pas regarder ce film, interdit chez nous. En effet, notre commission cinématographique avait refusé le visa d’exploitation à ce drame qui parlait des camps de l’URSS. Motif : « antisoviétisme ».
L’Archipel du goulag [paru en 1973] allait connaître le même sort. Le président et le premier ministre s’opposèrent à sa publication et la maison d’édition finlandaise du lauréat du prix Nobel se soumit docilement à la situation. Pour contourner la censure, la première partie du texte fut publiée en Suède. La diffusion ne fut pas facile en Finlande, où le livre était interdit de bibliothèque et de librairie.
Quelques années plus tard, ma mère, estonienne, arriva en Finlande par le mariage et je naquis dans un pays qui avait conservé son indépendance, mais où la « finlandisation » exerçait partout son influence. Ce concept inventé en Allemagne de l’Ouest désigne la soumission à la volonté du puissant voisin, la Finlande étant alors le seul pays occidental tenu aussi sévèrement dans le poing de fer de l’URSS.
Eviter les sujets « antisoviétiques »
L’emprise concernait non seulement la politique extérieure mais aussi la défense, l’économie, les médias, l’art et la science. Il n’était pas souhaitable que la recherche académique mette le nez dans une économie soviétique se trouvant dans un état catastrophique, et il valait mieux éviter les sujets considérés comme antisoviétiques si l’on souhaitait des perspectives de carrière. Quand la direction des douanes constata que le thon soviétique contenait trois fois plus de mercure que la limite autorisée, on décida que le rapporteur avait interprété la valeur de manière « trop théorique ». De même, la direction des affaires maritimes modifia sa réglementation lorsque la société Teboil, propriété de l’URSS, mit en vente des canots qui ne passaient pas les tests de sécurité.
Mes manuels scolaires nous faisaient croire que l’Estonie avait adhéré à la joyeuse famille soviétique de son plein gré, car l’enseignement se conformait à la ligne historiographique de l’URSS. Tout cela reposait sur l’accord d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle signé en 1948 entre l’Union soviétique et la Finlande, et notre direction de l’enseignement n’y dérogeait pas. Si les problèmes affectant les Etats-Unis avaient leur place dans les livres de géographie, aucun adjectif négatif n’était jamais associé à l’Union soviétique.
Mais c’est dans le secteur culturel que l’URSS recevait des louanges inconditionnelles. L’armistice de 1944 garantissant la libre activité des communistes, l’idéologie n’avait aucun mal à se propager dans les sphères artistique et pédagogique. Les acteurs qui ne chantaient pas à l’unisson avec la ligne rouge ne décrochaient pas de rôle.
En Estonie, tout cela est difficile à concevoir : là-bas, sous l’occupation soviétique, les citoyens n’avaient pas d’autre possibilité que de vivre sous des lois dictatoriales. La Finlande, en revanche, était une démocratie occidentale indépendante où les dirigeants étaient élus en toute liberté. D’ailleurs, la finlandisation n’avait pas besoin de lois : les activités contraires au climat ambiant s’étouffaient spontanément, sans aucune censure ou sanction de la part des autorités.
Une jolie vitrine
En 2020, un sondage aux résultats surprenants a montré que les tranches d’âge les plus âgées sont plus positives à l’égard de la Russie que les autres. La barre se situe au niveau des 45 ans. Au-dessus, on trouve justement ceux qui ont grandi à l’époque de la finlandisation profonde qui a façonné la mémoire historique, l’identité nationale et l’usage de la langue.
La Finlande était un laboratoire pour tester – avec succès – les opérations psychologiques de l’Union soviétique : avec ses faux airs de démocratie nordique, notre Etat était la preuve que l’URSS était capable de cohabiter en paix avec ses voisins. La Finlande était une jolie vitrine qui pouvait faire croire aux étrangers que cette pratique était viable. Nous avions les séries télé américaines – que nous consommions d’ailleurs avec frénésie – et la liberté de voyager à l’Ouest. Ainsi, nous nous occidentalisions en même temps que nous nous finlandisions, et les Finlandais aiment à croire que les citoyens de l’époque étaient parfaitement au courant de ce qui se passait en Union soviétique. En réalité, les étrangers admis en URSS n’étaient autorisés qu’à voir sous surveillance ce qu’on voulait bien leur montrer. Une partie des Finlandais était donc éduquée dans la croyance à la liturgie soviétique.
Le traité d’amitié finlando-soviétique est devenu caduc avec l’effondrement de l’Union soviétique, mais les habitudes ne sont pas si faciles à perdre. L’inconscient apprend vite à éluder les expressions historiquement inconvenantes, et l’on ne change pas la langue qu’on a apprise sans en avoir la volonté consciente.
« La Finlande a développé des réflexes conditionnés. Critiquer les actes du voisin oriental est une démarche encore récente et cela ne va pas sans risque »
Avec la restauration de l’indépendance, les pays de la Baltique ont adopté une terminologie en accord avec le vécu de la population : on pouvait enfin appeler l’occupation soviétique par son nom. En Finlande, la mise à jour de la langue s’est effectuée plus lentement. Lorsque la Russie a envahi la péninsule de Crimée, notre ministre de la défense Carl Haglund a confessé publiquement qu’il avait signé avec ses collègues des autres pays nordiques une résolution qualifiant la Russie de menace militaire. Les présidents du SDP [Parti social-démocrate] et du Parti du centre, deux de nos principaux partis, ont déclaré que cette résolution n’était « pas raisonnable ».
La Finlande a développé des réflexes conditionnés. Critiquer les actes du voisin oriental est une démarche encore récente et cela ne va pas sans risque. En 2011, un chercheur du Centre finlandais de l’environnement a découvert la plus grave fuite de phosphore de la Baltique, dont l’origine était une usine de phosphate appartenant au plus grand producteur d’engrais de Russie. La révélation n’a pas provoqué de scandale. En revanche, le Centre finlandais de l’environnement a remis en question les compétences du chercheur, accusé de nuire aux relations environnementales russo-finlandaises. En l’occurrence, l’intérêt de la nature est passé au second plan.
La restauration de la morale prend encore plus de temps que celle de la langue. Parmi toutes les décisions prises à l’égard de l’Est, nous ne savons toujours pas lesquelles se fondaient sur une menace réelle et sur la contrainte, lesquelles sur l’autocensure, lesquelles sur l’illusion. Et c’est ici la conséquence la plus fallacieuse de la finlandisation : elle a brouillé la boussole morale du pays.
Quand le pouvoir a changé en Ukraine, avec la révolution de 2014, la Russie a engagé une guerre dans l’est du pays. Des commentaires sont arrivés de l’étranger pour recommander à l’Ukraine la voie de la finlandisation comme solution pacifique. Devant la recrudescence des agressions russes, ces derniers temps, j’ai pris conscience que la chape de la finlandisation allait se poser discrètement sur l’Ukraine, au risque d’empêcher toute intégration au bloc occidental, et de ramener le pays dans un passé avec lequel la révolution avait voulu rompre. La diversité des médias serait perdue et la guerre en Ukraine ne pourrait plus être qualifiée publiquement que de « guerre civile », conformément à la propagande russe.
« Si l’Europe ou les pays nordiques étaient finlandisés, après quelques générations, nos descendants rigoleraient à l’idée de crimes contre l’humanité commis par la Russie »
Dès le début de la guerre, en 2014, la Russie a façonné la narration à sa guise. Les médias internationaux ont longuement tergiversé pour savoir quel nom donner aux événements. La guerre d’Ukraine était sans cesse qualifiée de « conflit » ou de « crise ». Les traces de cette confusion sont toujours visibles : il arrive encore que médias et politiciens désignent les zones sous occupation russe dans l’est de l’Ukraine comme des « régions séparatistes » ou « rebelles ». L’usage de ces euphémismes rend service à l’agresseur et brouille la compréhension de la guerre, conformément à ses intentions.
La Russie est maître en mascarade, en stratégie militaire où l’on recourt à la confusion, à la désinformation, au déni et à la fraude. La langue y joue un rôle essentiel. Les pays occidentaux doivent enfin prendre en main la narration de cette guerre et employer une terminologie adaptée à la réalité de l’Ukraine. Les zones annexées du Donbass doivent être appelées telles qu’elles sont : c’est une région occupée par des troupes russes.
Communication américaine
Ces derniers temps, les Etats-Unis ont largement publié les informations de leurs services de renseignement sur les projets agressifs de la Russie. Ils ont ainsi veillé à ce que nul n’ait de doute quant à l’identité de l’attaquant. Contraire au droit international, une guerre d’agression a une résonance très négative. La communication américaine est donc bénéfique à l’Ukraine : en vertu des lois internationales, l’Ukraine a un droit de légitime défense. La question a également des conséquences en Finlande : alors qu’il est illégal d’exporter des armes vers des « zones de conflit », des discussions visent actuellement à modifier le programme gouvernemental, puisque le pays concerné est désormais clairement victime d’une agression.
Il faut reconnaître que les médias finlandais se sont distingués dans le cadre de la guerre en Ukraine, adoptant une terminologie conforme à la réalité, y compris à propos de la Russie. L’adhésion à l’Union européenne (UE) n’y est pas pour rien, ainsi que la Convention européenne des droits de l’homme, qui ont obligé la Finlande à renforcer la liberté d’expression. L’Europe a rendu possible le développement d’organisations et d’institutions garantissant le respect de ce statut. Les jeunes Finlandais d’aujourd’hui ont grandi parmi des médias libres et avec des manuels scolaires renouvelés dans les années 1990. Voilà pourquoi ils n’ont pas la même position que leurs aînés vis-à-vis de la Russie.
Manipuler les esprits et la langue
Puisque la finlandisation a été un grand succès pour l’Union soviétique, il est clair que la Russie veut en répéter les enseignements. De ce point de vue, l’idéal serait même de finlandiser toute l’Europe, et pas seulement l’Ukraine. Cette aspiration se concrétise dans les nombreuses opérations d’influence menées par la Russie à l’extérieur de ses frontières. On y reconnaît les méthodes de la finlandisation : manipuler les esprits et la langue, alterner le bâton et la carotte, chercher à nouer des relations bilatérales et brandir la menace de la force.
En Europe, les moyens d’influence de la Russie ne sont pas toujours accueillis avec une détermination suffisante, aussi est-il pertinent de se demander à quoi ressembleraient l’Europe ou les pays nordiques s’ils étaient finlandisés : nous aurions alors devant nous un scénario où les valeurs fondamentales de l’UE seraient devenues une blague. Nous roulerions toujours en voitures occidentales, voyagerions où bon nous semblerait et notre niveau de vie serait satisfaisant. Mais nous ne jouirions plus de la liberté d’expression et nos médias publieraient tels quels les communiqués de presse russes. Après quelques générations, nos descendants rigoleraient à l’idée de crimes contre l’humanité commis par la Russie, et ceux qui verraient quelque chose à y redire seraient traités d’agitateurs paranoïaques.
Le leader d’opposition russe Alexeï Navalny [condamné en février 2021 à deux ans et demi de prison par la justice russe] resterait dans les mémoires comme l’un des grands terroristes de l’histoire, au côté d’Oussama Ben Laden. Et l’Ukraine ? Elle ferait bien sûr partie intégrante de la Russie, au même titre que les autres pays d’Europe de l’Est, avec vraisemblablement en priorité ceux de la Baltique, qui feraient l’objet d’une nouvelle guerre, n’en déplaise à ces fascistes racistes qui chercheraient à renvoyer la faute sur la Russie. La mer Baltique, tout le monde l’appellerait en secret « la mer poubelle », mais jamais en public. Que resterait-il alors de l’Europe à part une coquille vide ? Car nous ne faisons qu’un avec nos valeurs.
Texte traduit du finnois par Sébastien Cagnoli 
Sofi Oksanen est romancière. Elle est notamment l’autrice de Purge (Stock, 2010), prix Femina étranger, et de Norma (Stock, 2017), ainsi que de pièces de théâtre. 

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