Monsieur Véran, je suis infirmier, et je préfère démissionner ou être licencié que me faire vacciner contre le Covid-19 [L’Agora]
Nous avons rédigé cette semaine un tweet fruit de contacts avec des pompiers volontaires, mais aussi du personnel d’hôpitaux qui, parmi nos lecteurs manifestement, nous ont écrit afin de nous faire savoir qu’ils entendaient quitter leurs fonctions, ou mettre fin à leur engagement (pour les pompiers volontaires) en cas de vaccination obligatoire contre le Covid-19 imposé par les autorités.
Un tweet qui a tellement bien circulé que nous avons reçu dans la foulée d’autres messages de soignants — dont il est difficile d’estimer la part, qui reste sans doute minoritaire, mais qui existe bel et bien — confirmant cette idée de préférer ne plus travailler que de « vendre son âme au Diable » comme nous confie l’un d’entre eux, dans une tribune que nous reproduisons ci-dessous.
Après 16 mois de matraquage, voici qu’ils veulent donc nous obliger à nous vacciner contre le Covid-19, sans le moindre recul à moyen et à long terme sur les effets de ce vaccin. Après nous avoir qualifié, sans doute avec un peu trop de vigueur au regard de l’Histoire, de héros de la première ligne, voici maintenant que Monsieur Véran et que de nombreux autres responsables politiques et gouvernementaux se mettent à nous chanter la chanson que ceux qui refuseraient la vaccination contre le Covid-19 seraient des salopards, des criminels.
Je n’ai pas à rougir de mon travail. Infirmier depuis 12 ans dans un service d’urgences d’un grand hôpital de l’Ouest de la France, j’ai sans doute été bien plus au contact de la mort, de la maladie, de la souffrance, que la clique de Monsieur Véran et consorts. J’ai contribué à sauver des vies. À soigner. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis engagé dans cette voie, par vocation, pour aider les autres. Sans compter mes heures. Mes sacrifices durant mes années d’études. Ma vie de famille qui pâtit d’horaires parfois totalement dingues. Pour un salaire qui donne parfois envie de tout plaquer, de tout arrêter, tellement les soignants aujourd’hui, ceux qui vous soignent et vous sauvent, sont parmi les plus grands méprisés du système, financièrement parlant.
Quand j’entends Olivier Véran faire son petit chantage, qui démontre un esprit perfide, consistant à dire qu’il ne veut pas monter les Français les uns contre les autres, les vaccinés contre les non-vaccinés, et qu’il en conclut qu’il faut donc que les non-vaccinés cèdent sous peine d’être les nouveaux criminels, je me dis que si j’ai un jour ce monsieur dans mon bloc, en état d’urgence vitale, j’aurai une discussion avec sur le fait de savoir ce qu’est un criminel, et ce qu’est l’homme qui va tenter de le sauver.
Mais que les choses soient claires. Sans doute ne nous rencontrerons-nous jamais à l’hôpital avec Oliver Véran. Parce qu’il est hors de question que je vende mon âme au Diable en acceptant votre vaccination obligatoire contre le Covid-19. Je suis vacciné contre toutes les grandes maladies — et je pense que ces vaccins sont utiles, éprouvés notamment pour les soignants. Je pense aussi que pour certaines des maladies, ils doivent être nécessairement imposés à la population pour des raisons de Santé publique, ce qui n’implique pas d’ailleurs de les imposer pour des enfants en bas âge, surtout lorsque l’on multiplie les doses. Mais je ne suis pas médecin.
Ce que je sais par contre, c’est que votre « pandémie » de Covid-19 ne frappe pas les personnes jeunes, les personnes en bonne santé. Il y en a, mais c’est marginal. Le Covid-19 frappe lourdement les personnes âgées et les personnes en comorbidité. Cela tombe bien, vous avez vacciné massivement ces personnes. Que nous, personnels médicaux, soyons vaccinés ou pas, porteurs du virus ou pas, ne change donc absolument rien pour ces personnes vaccinées… à moins que vous vous moquiez de nous depuis le début et que vos vaccins ne protègent pas efficacement… il faudrait savoir !
Et puis quel est le programme ? Deux doses ? Demain trois comme l’a indiqué Monsieur Castex ? Et puis ensuite on fait la queue dix fois par an pour se faire piquer contre ces variants qui feront bientôt l’alphabet dans sa totalité ? Et on enferme les gens à vie ? On mène la chasse aux récalcitrants ? On licencie à tour de bras avec l’aval de syndicats déjà trop silencieux face à ces menaces ? On met en prison les meneurs ? Jusqu’où comptez vous aller Monsieur Véran, au nom d’une maladie à 5 millions de morts dans le monde, dont la forte majorité serait morte dans l’année, de grippes, de mauvais rhumes, de vieillesse tout simplement, mais que vous tenez absolument à faire comptabiliser derrière le virus Covid-19 pour mener à bien vos projets funestes ?
Car nous, soignants, nous savons Monsieur Véran. Nous savons les prises de température à l’entrée d’un hôpital « en mode covid », sur les patients redirigés en circuit Covid dès 38 de fièvre (et donc comptabilisés parmi ces malades alors que la plupart du temps, cela n’a rien à voir). Nous savons les décès indiqués Covid parce que la personne était certes porteuse du virus, mais qu’elle est décédée d’une autre pathologie. Nous savons le fonctionnement d’une administration qui a des comptes à rendre et de l’argent à faire. Nous connaissons vos manières de procéder qui ont totalement faussé la donne dans les hôpitaux.
Et surtout, nous avons vu, depuis des années, vos prédécesseurs n’avoir de cesse de casser l’hôpital public. D’exacerber parfois la rivalité avec le privé. D’embaucher du personnel administratif plutôt que de former et de bien payer massivement du personnel soignant. Nous avons vu des lits fermer. Nos urgences saturées. Nos collègues débordés, puis déprimés, puis dégoutés aussi, quant à la fois du mois, ils reçoivent un salaire qui ne correspond pas aux sacrifices endurés et au travail effectué.
Ne cachez pas les erreurs multiples, graves, répétées, de vous et de vos amis politiques, de vos prédécesseurs, en tentant de monter les Français les uns contre les autres, les soignants les uns contre les autres. Si la France était à la hauteur de son rang économique, elle n’aurait jamais eu ses problèmes de services saturés, et la crise du Covid serait passer crème, vous le savez parfaitement.
Monsieur Véran. Je suis infirmier. J’aime mon métier. Je suis vacciné, je prends soin des patients dont je m’occupe. Mais je ne me ferai pas vacciner parce que vous nous l’ordonnez, parce que vous nous menacez, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la logique sanitaire et médicale. Licenciez-moi si vous voulez, avant que je ne démissionne du fait du carnage que vous laissez perpétuer dans nos hôpitaux. D’autres sont dans le même état d’esprit que moi. Le pays manque de soignants, de pompiers, de secours, et vous, vous menacez. Vous prenez un risque. Un gros risque.
Celui d’ajouter à un pays déjà fracturé, abimé, maltraité, des tensions sanitaires et médicales de nature à mettre en danger y compris la population, qui, dans nos campagnes, ne peut déjà pas compter sur le même niveau de service public sanitaire (et en matière de secours) que dans les villes.
Respectez-nous. Payez-nous dignement. Et laissez-nous faire un travail que manifestement, vous avez oublié/sacrifié pour une carrière qui n’a plus grand-chose de médical.
Franck M, infirmier.
Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.
Crédit photo : Pixabay (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine